Bienveillance et éducation

Dans le Larousse, la bienveillance est définie comme une “disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui.

L’éducation, toujours dans le Larousse est définie comme “la conduite de la formation de l’enfant ou de l’adulte. Formation de quelqu’un dans tel ou tel domaine d’activité ; ensemble des connaissances intellectuelles, culturelles, morales acquises dans ce domaine par quelqu’un, par un groupe. Mise en œuvre de moyens propres à développer méthodiquement une faculté, un organe. Connaissance et pratique des bonnes manières, des usages de la société ; savoir vivre.”

Le terme “éducation” recouvre un vaste champ de perspectives ! Il s’agit non seulement de former l’enfant dans tous les domaines qui lui permettront de s’insérer, adulte, dans la société, mais également de lui inculquer les bases de la culture à laquelle il appartient de par sa naissance. Il s’agit également de mettre tous les moyens possibles en œuvre pour y parvenir.

Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ? D’un point de vue historique, l’école publique a d’abord été chapeautée par le titre d’Instruction Publique, avant de se transformer en “éducation nationale”. Si, au départ, il était question uniquement d’instruire les jeunes, et donc de leur apporter les connaissances nécessaires pour qu’ils développent leurs capacités à s’insérer dans leur vie d’adulte ; il s’agit aujourd’hui de les “éduquer”, de les conduire hors de l’enfance en développant non seulement leurs connaissances théoriques mais également en formant leurs esprits, afin de les amener à être des citoyens éthiques et responsables. C’est en tout cas ce que l’on pourrait penser, au vu de la définition ci-dessus. L’enfant est considéré dans sa globalité et non comme un réceptacle des connaissances que les adultes voudraient lui inculquer.

Il s’agirait donc de le guider dans son développement et non de lui imposer un chemin tout tracé, sans tenir compte de sa personnalité. Mais là, j’extrapole quand même un peu, c’est vrai !

De nombreuses études récentes, que ce soit dans le domaine de la psychologie de l’enfant, des neurosciences et de la pédagogie ont montré que la contrainte n’était pas une manière très productive dans le domaine de l’enseignement. Dans l’impasse de la punition à l’école“, sous la direction d’Eric Debarbieux aux éditions Armand Colin, on peut s’émouvoir qu’à l’heure actuelle, tant de membres du corps enseignant aient encore recours à la punition pour “motiver” les bons comportements chez leurs élèves. Les habitudes ont la vie dure et il n’est pas toujours facile de se départir de décennies de croyances, même lorsque l’on sait qu’elles sont contre-productives.

Le pendant de cette attitude répressive a été testée dans certains établissements avec succès. Comme au collège de Gaulle de Jeumont dans le Nord par exemple. Au lieu de “coller” les élèves en leur donnant du travail supplémentaire, on a “puni” les élèves perturbateurs en instituant des heures de méditation de pleine conscience. Et l’impact a été significatif ! Diminution des comportements agressifs, meilleure participation en cours, plus aucune exclusion nécessaire… Cela peut au minimum nous faire réfléchir.

Se remettre en question en permanence, tel a toujours été mon leitmotiv. J’ai donc tenté de multiples approches, lu beaucoup d’ouvrages… Et j’en ai conçu une approche de l’enseignement plus proche de mes convictions personnelles. Une approche bienveillante, centrée sur la joie de transmettre et de recevoir, le désir d’encourager la curiosité d’apprendre chez mes élèves plutôt que la soumission par la contrainte des notes et des punitions. Une approche plus respectueuse des jeunes et de ma personnalité aussi. Évidemment, la “panacée pédagogique” n’existe pas, sinon, ça se saurait ! Mais, si on reste humble et bienveillant, envers soi-même et envers les autres, alors d’autres possibles s’ouvrent. Un prof heureux peut changer le monde, tel est le titre d’un livre de Thich Naht Hanh. Et si c’était en cultivant son jardin, comme le conseille Voltaire dans “Candide“, en recherchant la joie dans sa vie personnelle, qu’un prof pouvait être heureux et changer le monde ? Lorsque la bienveillance que l’on s’octroie nous permet la même attitude envers les autres, élèves ou collègues, n’est-on pas finalement plus heureux d’enseigner ?