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Les aventures de Thomas Grimaud – épisode 3

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Avec les quelques courageux mais motivés élèves présents en classe virtuelle ce mercredi, nous avons continué à imaginer la suite des aventures de Thomas Grimaud. Voici donc le troisième épisode tant attendu de cette saga. N’hésitez surtout pas à faire des commentaires afin de permettre à ce récit de se poursuivre. Merci d’avance… et bonne lecture à tous !

Marie et Thomas marchaient en silence, réfugiés dans leurs pensées. Thomas avait demandé par gestes à Alice de lui envoyer par mail la vidéo qu’elle leur avait montré. Il lui tardait d’en parler avec son ami Théo Torri, le “geek”de service. Il était persuadé que ce dernier pourrait les aider. En effet, Théo, passionné d’informatique, passait son temps à surfer sur internet. Il programmait dans différents langages depuis l’âge de 9 ans. Il avait même réussi à pirater le site du collège, juste pour se prouver à lui-même qu’il en était capable. Trop grand pour son âge, souvent rêveur, il partageait avec Thomas son amour pour les animaux. Pourtant, son plus grand rêve était de devenir ingénieur informaticien. Il n’était pas spécialement doué pour les études, sauf dans les matières qu’il aimait. Il savait qu’il pouvait mieux faire mais ne s’en donnait pas les moyens. Comme son ami Thomas, il assurait un “minimum syndical” sur le plan scolaire et cela lui convenait très bien !

Marie et Thomas arpentaient à présent la rue principale de leur petite ville. Cette rue piétonne, habituellement grouillante de monde, paraissait presque vide. Les gens avaient peur de sortir de chez eux, paniqués par la perspective d’être contaminés par ce nouveau virus.

En passant devant la pharmacie de la rue principale, Thomas s’arrêta brusquement. Il venait de se rendre compte que ce fameux symbole qui l’avait intrigué dans la vidéo du professeur Lemaître ressemblait beaucoup à celui qu’il voyait sur la devanture de la pharmacie. Il se promit de faire des recherches plus approfondies sur ces deux logos dès qu’il serait de retour chez lui.

“-Dis Marie, ce logo ne te rappelle rien ?, questionna Thomas.

-Mais oui !, s’exclama Marie. Il ressemble beaucoup à celui que j’ai vu sur la vidéo du papa d’Alice ! Mais qu’est-ce que cela veut dire ?

-Pour l’instant, je ne sais pas trop quoi en penser, songea Thomas à haute voix. Mais si on allait chez mon ami Théo maintenant ? Je suis sûr qu’il pourrait nous aider à y voir plus clair !

-Il est un peu étrange ton ami, je trouve. Tout le temps dans ses rêves et sur son ordinateur ! Je me demande s’il prend le temps de manger et de dormir parfois… Mais c’est vrai qu’il pourrait nous être utile aujourd’hui. Alors, allons-y ! Par contre, il ne faudra pas trop traîner car je dois être à la maison à 19 heures. Sinon, mes parents vont encore faire une crise…

-Les miens aussi, je te rassure !, répliqua Thomas. On fera le plus vite possible, promis !”

Thomas envoya un SMS à Théo pour le prévenir de leur visite et s’assurer qu’il serait bien chez lui. Son ami sortait très peu et il les reçut dans sa chambre. Ses parents étaient au travail, ainsi que sa soeur aînée, Mathilda. Sa chambre aurait bien mérité un peu de rangement : c’était la jungle ! Il fallut dégager deux chaises près du bureau du jeune-homme pour s’asseoir. Marie et Thomas se regardèrent, complices. Leur propre chambre n’était pas toujours bien rangée non plus ! Ils auraient été mal placés pour critiquer…

Ils exposèrent rapidement la situation à Théo qui demanda immédiatement à voir la vidéo sur laquelle apparaissait le professeur Lemaître. Thomas lui transféra le mail qu’Alice lui avait envoyé. Théo visionna la vidéo en prenant quelques notes sur un carnet. Lorsqu’il eut terminé, il promit de tout faire pour retrouver l’origine de cet enregistrement. Il essaierait de retrouver, grâce à l’adresse IP de l’ordinateur duquel avait été envoyé le message, l’emplacement géographique de l’expéditeur. Cela ferait grandement avancer l’enquête !

Thomas lui parla également du logo présent sur le mur derrière le professeur dans la vidéo, et de la comparaison qu’il avait pu faire avec le symbole de la pharmacie de la rue principale. Théo lui promit de faire des recherches là-dessus aussi. Ils se tiendraient au courant grâce à une application de tchat sécurisé, de manière à ce que les ravisseurs ne puissent pas pirater leurs communications.

Rentré chez lui, Thomas se doucha soigneusement afin d’éliminer toute trace éventuelle du virus, par précaution. Il mangea rapidement, puis se précipita dans sa chambre en prétextant des devoirs urgents à faire. Il s’installa devant son ordinateur et commença à chercher des informations sur le logo de la pharmacie.

Le “caducée” serait un des attributs d’Hermès, le dieu du commerce, dans la mythologie grecque. Cependant, le terme « caducée » est aussi appliqué au bâton d’Asklépios ou à la coupe d’Hygie, respectivement symbole médical et pharmaceutique. Ce dernier est en fait la coupe d’Hygie enlacée par le serpent. Certains y voient le symbole de vie en harmonie avec la Terre. Pour d’autres, le serpent symbolise le patient qui doit faire le choix de prendre ou non la médecine qui le soignera. Le serpent est également lié aux croyances anciennes car il possède la sagesse et le pouvoir de guérison.

Le caducée pharmaceutique représente un serpent qui s’enroule autour d’un axe central qui ressemblerait à un bâton. Celui-ci trouverait son origine dans la Grèce antique. Selon la légende, Hermès découvrit la vertu du bâton d’or (échangé avec Apollon contre une lyre) lorsqu’il tenta de séparer deux serpents en lutte. Ceux-ci s’enroulèrent en sens inverse autour du bâton. Cependant, le caducée de la pharmacie ne doit pas être confondu avec le caducée d’Hermès ou le bâton d’Asklépios, utilisé comme symbole dans d’autres professions médicales.

Thomas réalisa que le symbole présent sur le mur du fond dans la vidéo du professeur était en fait une représentation du bâton d’Asklépios, un peu stylisée. Sur “Google images”, il chercha celle qui ressemblait le plus à ce dont il se rappelait. En cliquant sur une des images, il tomba sur le site d’une grande entreprise pharmaceutique : l’entreprise Bochon. Elle avait été fondée en 1875 et elle avait des usines de fabrication de médicaments ainsi que de vaccins dans une cinquantaine de pays du monde. Une des filiales de cette firme était localisée tout près du collège, dans la zone industrielle de la ville.

En fouillant un peu sur le site, Thomas s’aperçut que l’entreprise s’était spécialisée dans la recherche sur les virus. Elle finançait plusieurs laboratoires de recherches privés. Elle avait notamment consacré plusieurs millions d’euros à un projet de vaccin contre le coronavirus, initié par le célèbre laboratoire Prius. Et quelle ne fut pas la surprise de Thomas lorsqu’il réalisa que le chef du projet n’était autre que Monsieur Ligot, professeur de chimie dans son collège ! Comment pouvait-il être simultanément directeur d’un projet pharmaceutique et professeur dans un établissement public ? Le mystère s’épaississait…

La réputation de Monsieur Ligot n’était pas reluisante. Les autres professeurs le trouvaient peu sociable et acariâtre. Les élèves le détestaient car il donnait une énorme quantité de devoirs, passait son temps à les humilier en cours et il semblait adorer terroriser les élèves en leur mettant des notes minables. Tous le trouvaient prétentieux et de compagnie peu agréable. Mais quel lien pouvait-il exister entre cet homme et le père d’Alice ?

Le professeur Yves Lemaître enseignait la biologie au collège. Ou plutôt la SVT. Thomas l’avait eu en 6ème et c’est grâce à lui qu’il avait développé une passion pour les sciences. C’est cet homme qui l’avait encouragé à devenir vétérinaire et à continuer ses études. Les cours de Monsieur Lemaître étaient passionnants et la plupart des élèves l’adoraient. Il faisait tout son possible pour se mettre à la portée des élèves et pour les aider quand c’était nécessaire.

Pourtant, Marie lui avait révélé qu’il n’avait pas toujours été enseignant. En effet, il avait connu la gloire lorsqu’il travaillait pour l’Institut Pasteur, en tant que virologue. Il avait développé un nouveau concept de vaccin, plus rapide à réaliser et moins dangereux pour la population.

Mais tout s’était effondré lors du décès de la mère d’Alice. Le célèbre professeur ne pouvait plus supporter de vivre à Paris, où tout lui rappelait sa défunte épouse. Il déménagea donc dans le sud pour rejoindre son frère, David. Il démissionna de l’Institut Pasteur et postula pour un emploi de professeur dans un collège. Pour autant, il ne désirait pas interrompre complètement sa carrière de chercheur. En accord avec le principal, il équipa un laboratoire dans l’établissement afin d’y poursuivre certaines de ses recherches. Et c’est ainsi, en plein contexte de pandémie, qu’il avait pu avancer dans la conception d’un vaccin efficace contre le coronavirus. Il avait publié plusieurs articles sur la question dans des journaux scientifiques reconnus et avait été félicité par ses confrères. Mais pour l’instant, son candidat-vaccin n’était viable que dans une éprouvette. Il fallait encore le tester sur un groupe d’humains volontaires…

Pourtant, Thomas ne parvenait pas à faire le lien entre Monsieur Ligot et Monsieur Lemaître. Il en était à ce point de ses réflexions lorsqu’il entendit le bip caractéristique d’une notification d’un message sur son téléphone portable. C’était Théo. Il avait réussi à tracer l’adresse IP de l’ordinateur qui avait transmis la vidéo. Il s’agissait de l’ordinateur de la classe de Monsieur Ligot !

“-Mais quelle horreur !, pensa Thomas. Ce monsieur Ligot est donc lié à l’enlèvement du professeur Lemaître ! Peut-être même que le professeur était surveillé par ce triste individu ? Qui sait, peut-être bien que l’enlèvement avait été prévu de longue date par Monsieur Ligot et l’entreprise Bochon ? Ils avaient attendu patiemment que le professeur parvienne à des résultats intéressants pour l’enlever et se les approprier ? Vraiment, tous des pourris !”

Il texta Marie avant de s’endormir pour la tenir informée des dernières découvertes. Il fallait maintenant se méfier de Monsieur Ligot qui devait sans doute surveiller Alice et tous ceux qui la fréquentaient.

Vers midi, le lendemain, les trois amis se retrouvèrent après les cours devant la porte du bureau du professeur Lemaître. Théo était entré discrètement dans la salle informatique du collège et avait désactivé les caméras de surveillance. Il avait pris la précaution d’enregistrer des images des couloirs vides afin de les passer en boucle et leurrer ainsi Monsieur Ligot ou toute autre personne qui voudrait les surveiller.

Ils entrèrent dans le bureau du professeur en silence. Marie posa son index sur le tiroir indiqué par son père et celui-ci s’ouvrit, comme par magie. Une clé USB argentée s’y trouvait, au-dessus d’une enveloppe beige sur laquelle était simplement inscrit un prénom : Alice.

Cette dernière prit la clé USB et ouvrit l’enveloppe. Son père avait prévu que les choses pouvaient mal tourner puisqu’il lui avait écrit une lettre ! A l’intérieur de l’enveloppe, une jolie clé dorée attira son attention.

Mais qu’est-ce que le professeur Lemaître pouvait bien révéler à sa fille dans ce courrier ? Comment avait-il pu prévoir que les événements allaient impliquer sa fille ? A quoi pouvait bien servir cette jolie clé dorée trouvée dans l’enveloppe ? Que pouvait bien contenir de si important cette précieuse clé USB que le professeur avait pris tant de soin à sécuriser ? Voilà, entre autres, les questions auxquelles le prochain épisode des aventures de Thomas Grimaud devra répondre… Toutes les idées, commentaires, suggestions seront les bienvenus, cher lecteur ! Ce récit ne peut évoluer et rester palpitant que parce que vous y contribuez…

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L’autorité

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Lorsqu’on parle de relation bienveillante dans le milieu de l’Education Nationale, certains ont encore tendance à faire l’amalgame avec la complaisance ou le laxisme.

Une simple recherche sur internet nous révèle que ce terme renvoie à 2 sens principaux :

Sens 1 : Droit de commander, pouvoir d’imposer l’obéissance.

Sens 2 : Les organes du pouvoir.

Le pouvoir qui est conféré aux parents envers leurs enfants (autorité parentale), celui conféré par le statut de fonctionnaire de l’Etat (en ce qui concerne les professeurs mais également les fonctionnaires de police, des impôts…), ainsi que le pouvoir conféré par les électeurs aux institutions gouvernementales ne peut s’envisager que si on lui obéit. La première des composantes de l’autorité est donc celle qui induit l’obéissance chez celui qui la respecte ou la subit.

Mais comment induire cette obéissance ? Par la force ? Par la persuasion ? Quid de la relation bienveillante dans l’affaire ? Peut-on même envisager une relation bienveillante lorsqu’il s’agit d’autorité ?

Dans une conférence qu’elle donna en 2015 à l’ESEN (Ecole Supérieure de l’Education Nationale), Véronique Guérin, psychosociologue spécialisée dans le domaine, retrace les différents courants ayant eu cours dans l’Institution sur un plan historique. Chaque “style” d’autorité exercé par les enseignants au cours du temps est envisagé selon ses apports et ses inconvénients aussi. Il me paraît intéressant de prendre un peu de recul, et c’est ce que cette conférence nous permet. La vidéo est un peu longue mais Véronique Guérin apporte une approche pédagogique qui me semble intéressante à connaître.

Son regard sur ce qu’est l’autorité et ce qu’elle sous-entend comme différentes approches donne à réfléchir.

Quand j’ai commencé à enseigner, j’avais encore à l’esprit le statut accordé au “maître d’école”, tel que je l’avais vécu. Il fallait obéir, que ce soit à nos parents ou aux enseignants, “parce que c’était comme ça et pas autrement”. J’imaginais donc en débutant dans la profession, que mon statut me conférerait ce “pouvoir” sur les élèves. Mais les temps ont changé, le respect du statut n’est plus aussi prégnant dans notre société occidentale. Les incivilités augmentent, les jeunes se rebellent et ne se contentent plus du “parce que c’est comme ça”.

Mais pour autant, est-ce que nous y avons perdu ? Se remettre en cause et proposer des démarches alternatives ne permettrait-il pas d’envisager une relation d’autorité fondée sur la bienveillance et non plus sur la soumission ?

J’entends encore ma grand-mère me dire que “de son temps”, les jeunes étaient au moins respectueux de certaines valeurs et que ce monde moderne ne respectait plus rien. Vraiment plus rien ? Ou est-ce que notre jeunesse un peu dorlotée n’attend pas que nous lui accordions un peu plus de respect ? Ne pas se soumettre sans critique ne serait-il pas une ouverture vers un monde plus conscient, plus responsable, parce que plus à même d’intégrer des valeurs librement consenties ?

Michel Montaigne disait déjà que “Mieux vaut tête bien faite que tête bien pleine“. Si nous prenions le parti d’éduquer nos jeunes dans le respect de ce qu’ils sont, de les guider vers une autonomie consciente en développant leur esprit critique, ne pourrions-nous pas espérer une société moins dogmatique et plus bienveillante ?

Si l’on se réfère à la célèbre pyramide des besoins de Maslow, on peut se rendre à l’évidence. Dans nos sociétés occidentales, nous avons la chance d’avoir nos besoins physiologiques couverts, pour une grande majorité d’entre nous.

Ensuite, ce sont nos besoins de sécurité qui ont besoin d’être satisfaits. Et pour cela, il faut instituer un cadre. Pendant longtemps, ce cadre a été très strict et punitif. On obéissait parce que l’on n’avait pas forcément le choix. Mais ce faisant, notre besoin d’appartenance était nourri. La majorité de nos contemporains obéissaient aussi et c’était rassurant.

Mais lorsqu’on obéissait sans discuter, allant à l’encontre de nos besoins d’estime de soi et d’accomplissement personnel, les derniers étages de la pyramide ne pouvaient être atteints. Ou difficilement.

En la matière, une approche bienveillante doit prendre en compte le besoin de sécurité de chacun. Un cadre est donc nécessaire et c’est une évidence. Mais sans l’imposer d’emblée. Une manière de pouvoir répondre à ces besoins qui semblent à première vue contradictoires pourrait résider dans l’éducation, la compréhension de la nécessité de ces règles qui nous protègent tous au final. Je n’obéis plus par “peur du gendarme” ou par “désir de la carotte”, mais parce que j’ai bien compris que les règles du vivre ensemble nous protégeaient tous.

Nous vivons tous dans une société en pleine transition, où nos jeunes, un peu privilégiés, dans un monde où leurs besoins physiologiques sont majoritairement satisfaits, ont aussi à composer avec l’incertitude concernant leur avenir. Il fut un temps où réussir sa scolarité, obtenir des diplômes et se conformer aux règles sociales nous garantissait un emploi et donc une sécurité financière. Ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui. Alors comment leur imposer encore un enseignement qui ne tiendrait pas compte de ces nouveaux enjeux ?

Si notre société évolue, notre regard sur ce qu’est l’autorité ainsi que sur ce que représente l’enseignement devrait évoluer en parallèle. Sans cette adaptation, il y a gros à parier que les incivilités et les comportements déviants chez nos jeunes en mal de réponses, de sécurité et de réalisation personnelle ne feront qu’augmenter… Et l’Education Nationale aura “raté le coche” par la même occasion. Ce serait vraiment dommage, car ceux que nous avons face à nous tous les jours formeront la société de demain. Quelle image de l’autorité souhaitons-nous transmettre ? De quelle manière notre attitude d’enseignant et/ou de parents leur permettra de grandir en confiance, avec bienveillance et sérénité ? Quelle société de demain souhaitons-nous ? Quelles attitudes pouvons-nous mettre en place pour rester en cohérence avec les valeurs que nous désirons transmettre ?

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Résilience

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Selon Wikipédia, la résilience est “un phénomène psychologique qui consiste, pour un individu affecté par un traumatisme, à prendre acte de l’événement traumatique de manière à ne pas, ou plus, vivre dans le malheur et à se reconstruire d’une façon socialement acceptable“.

Bien que ce terme renvoie à d’autres définitions -en physique par exemple – c’est au sens de son utilisation psychologique qu’il va nous intéresser ici.

Lors du retour d’une fraction des élèves en cours, il m’a paru important de leur donner l’occasion de s’exprimer sur ce qu’ils avaient vécu pendant ce temps de confinement. Nous avons visionné en classe une vidéo de Christophe André et nous avons ensuite discuté de ce que la conclusion du célèbre psychiatre impliquait dans nos vies. Et c’est lors de ces conversations que j’ai introduit le terme de “résilience”, en le résumant peut-être beaucoup, certes, à la capacité de rebondir après des événements traumatisants.

Ce terme est utilisé depuis longtemps. Mais en ce qui me concerne, je l’ai découvert dans l’ouvrage de Boris Cyrulnik : “Les vilains petits canards”. Ce concept m’a semblé central dans toute vie humaine. En effet, il n’existe personne qui serait épargné par les épreuves de la vie. C’est un fait. Et pourtant, certains parviennent à “sublimer” – comme dirait Freud – des traumatismes très violents. On ne choisit pas forcément tout ce qui nous arrive, mais on peut être acteur de sa vie, plutôt que spectateur impuissant, lorsque l’on décide de ce que l’on va faire de tout ça. C’est là que réside notre capacité de choix et cela a une importance vitale ! Beaucoup de thérapeutes s’accordent à dire que cette période “coronavirus” aura des répercussions post-traumatiques certaines. Peut-être même que les conséquences traumatiques ne seront pas immédiatement perceptibles. On ne peut pas traverser une telle épreuve planétaire sans que cela laisse des traces dans les psychés.

C’est là que le concept de “résilience” intervient. En effet, on peut choisir la manière dont l’on va accueillir les conséquences de cette période traumatisante pour tous. On peut décider de voir le “verre à moitié vide” ou au contraire “à moitié plein”. On aura la liberté de surmonter cette épreuve de manière positive ou se laisser submerger par la peur et le pessimisme ambiant. C’est parfois difficile d’accepter que nous sommes acteurs de notre vie quelles que soient les circonstances. Se sentir victime est quelquefois la seule possibilité de l’instant, celle qui nous rassure d’une certaine façon. Une solution de “facilité” dont il n’est pas toujours évident de sortir. Et on peut accueillir cela, avec bienveillance. On ne peut pas se “forcer” à rebondir. On peut seulement vivre l’instant, sans jugement, viser “l’après” avec le maximum d’optimisme, et voir venir…

Se reconstruire après un tel cataclysme, cela peut prendre du temps. Mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ? Retrouver des valeurs qui nous portent, mener une vie “meilleure” en ce sens qu’elle nous correspondrait mieux, retrouver l’essentiel et ce qui fait notre force… Sacré programme non ?

C’est là que nous rejoignons quelque part le but ultime de toute interrogation philosophique : la recherche du bonheur.

A ce sujet, je trouve que Frédéric Lenoir résume bien le challenge qui nous attend tous :

“Les blessures de la vie peuvent nous écraser et nous verrouiller. Elles peuvent aussi nous rendre plus forts et plus ouverts aux autres. Nous n’avons pas choisi de les subir, mais nous sommes libres d’en faire des enclumes qui nous enfoncent ou des points d’appui qui nous élèvent. C’est l’un des grands mystères de l’âme humaine.”

Frédéric Lenoir, “L’oracle della luna”.
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Séquence 6 séance 3

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Lors de la dernière séance, nous avons lu un extrait de mail que je vous ai aidé à analyser, grâce à des recherches que j’avais faites au préalable.

Aujourd’hui, nous allons établir une liste de critères qui vont vous permettre par la suite de mieux évaluer la fiabilité des informations que vous recevrez.

Un fait ou une opinion ?

La première des choses à vérifier lorsque l’on reçoit une information, c’est de faire la différence entre ce qui est un fait que l’on peut vérifier et ce qui est de l’ordre de l’opinion de l’auteur sur le sujet.

  1. Un fait : dans le Larousse, cela désigne :
  • Acte, phénomène, action : Les faits valent mieux que les discours.
  • Chose, événement qui se produit, cas : On a observé un fait curieux.
  • Ce qui est reconnu comme certain, incontestable : Le fait est là, il faut s’incliner.
  • Tout événement susceptible de produire des effets de droit, d’avoir des conséquences juridiques.

2. Une opinion : dans le Larousse, cela correspond à :

  • Jugement, avis, sentiment qu’un individu ou un groupe émet sur un sujet, des faits, ce qu’il en pense : Exprimer son opinion au cours du débat. L’opinion des critiques.
  • Ensemble des idées d’un groupe social sur les problèmes politiques, économiques, moraux, etc. : L’opinion française.

A la lecture de ces deux définitions, on peut s’apercevoir que l’on ne parle pas de la même chose. Un fait, quel qu’il soit (fait divers, découverte scientifique…) est vérifiable, observable. Ce n’est pas le cas d’une opinion qui elle, est affaire d’idée, de jugement, de ressenti parfois.

Une information qui décrit un fait pourra être vérifiée. Une opinion n’engage que la personne qui la produit. Elle n’est ni vraie ni fausse. Chacun est libre de penser ce qu’il veut et a le droit d’exprimer ses idées. Pour autant, une opinion ne peut pas être considérée comme une information fiable.

Evaluer la source de l’information

Une autre recherche importante à faire lorsque l’on reçoit une information, c’est d’identifier la fiabilité de la source. Autrement dit, est-ce que celui qui m’envoie cette information est digne de confiance ? Est-ce que cette information provient d’une source sérieuse ?

Plusieurs critères peuvent nous aider dans cette évaluation. Pour chacun des 10 critères présentés, on peut les « noter » grâce au système ci-dessous :

Plus la note est proche de 10, plus l’information sera fiable !

Critère 1 PertinenceL’information porte bien sur le thème donné et permet d’en apprendre plus sur ce sujet et pas nous donner une opinion sur celui-ci.
Critère 2 PlausibilitéL’information est cohérente avec ce que l’on sait déjà dans le domaine. Pour évaluer ce critère, il faut déjà posséder des connaissances sur le sujet.
Critère 3 PreuvesL’information s’appuie sur des preuves de qualité. Plus l’auteur apporte des preuves scientifiques vérifiables, et plus son information pourra être considérée comme crédible. Un témoignage, une photo dont on ne peut identifier la source ne sont pas des preuves valables !
Critère 4 ConsensusL’information apportée est approuvée par plusieurs experts. Elle n’est pas diffusée que par une seule personne ou un seul groupe.
Critère 5 Auteur identifiableOn doit pouvoir identifier les auteurs de l’information afin de savoir s’ils sont experts dans le domaine ou non.
Critère 6 BienveillanceLa personne qui diffuse cette information n’a pas d’intérêt à fournir de fausses informations. Si cette personne a des intérêts commerciaux dans l’affaire, si elle souhaite manipuler l’opinion des personnes à qui elle s’adresse, alors, on peut dire que ce critère ne sera pas rempli.
Critère 7 CompétenceLa personne qui diffuse l’information fait partie d’un groupe d’experts dans le domaine. Par exemple, un scientifique qui travaille dans une institution reconnue, un journaliste employé dans un grand journal peuvent être considérés comme des experts dans leur domaine.
Critère 8 ConvergenceLorsqu’on fait une recherche, on trouve plusieurs sources qui donnent la même information. C’est ce qu’on appelle « croiser les informations ». Evidemment, il faudra croiser des informations provenant de sources suffisamment fiables pour ne pas se tromper.
Critère 9 PrésentationSi l’on se rend compte que l’auteur cherche plus à nous convaincre qu’à apporter des preuves de ce qu’il avance, il vaut mieux se méfier !
Critère 10 OrthographeMême si ce critère ne pourrait pas être suffisant à lui seul, lorsqu’on reçoit un message comportant beaucoup de fautes d’orthographe, on peut supposer que son auteur n’a pas pris le temps de la vérification. Comment alors faire confiance à ce qu’il diffuse ?

A vous de jouer !

Voici un post provenant de Twitter qui montre des camions de l’armée défilant en France au début du confinement. Cette information a beaucoup circulé et les auteurs affirmaient que l’armée allait intervenir sur Paris pour faire respecter les règles de sécurité, comme en temps de guerre. En vous servant des 10 critères, évaluez la fiabilité de cette information. Quel score avez-vous obtenu ?

Correction

Critère 1 PertinenceLa photo montre bien des camions de l’armée défilant dans les rues de Paris.+1 point
Critère 2 PlausibilitéDifficile de savoir sans faire une recherche si l’armée était en effet sur le terrain pour contrôler la population.0 point
Critère 3 PreuvesL’information ne s’appuie que sur une seule photo ! Cela ne peut pas constituer une preuve solide.0 point
Critère 4 ConsensusL’information semble être une rumeur déduite d’une seule photo. Elle ne provient pas d’un groupe d’experts.0 point
Critère 5 Auteur identifiableOn ne sait pas qui est l’auteur qui a commencé à diffuser l’information.-1 point
Critère 6 BienveillanceC’est une information qui peut faire peur à la population. On peut se demander si l’auteur ne voulait pas manipuler l’opinion dans ce sens en la diffusant.-1 point
Critère 7 CompétenceLa personne qui diffuse l’information ne fait pas partie d’un groupe d’experts dans le domaine. Ce n’est qu’un passant qui a pris une photo avec son téléphone.-1 point
Critère 8 ConvergenceIl y a eu d’autres personnes qui ont pris des photos du même genre. Même les journaux télévisés ont diffusé ces images. Mais aucun de ces diffuseurs n’était un expert en la matière.0 point
Critère 9 PrésentationLe message est très court mais il semble écrit pour provoquer la panique chez les lecteurs.0 point
Critère 10 OrthographeLe message ne comporte pas de fautes d’orthographe mais il est très court.+1 point

Score obtenu : -1 point ! Un score négatif selon les critères donnés. Autant dire que l’information ne semble pas très fiable !

Et en effet, après la diffusion de ces images, les journalistes sont allés vérifier ce qu’il en était en posant la question au Ministère des Armées. Le lendemain, on apprenait qu’en fait, ces camions revenaient d’une mission n’ayant rien à voir avec le coronavirus…

Vous pourrez vous entraîner chez vous à appliquer ces critères afin de vérifier la qualité des informations qui nous parviennent en continu.

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L’espoir au printemps

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Un concours auquel vous pouvez tous participer !

En accord avec votre professeure d’arts plastiques, nous vous proposons de participer à un jeu concours : “L’espoir au printemps”.

Il s’agit de réaliser une oeuvre autour du printemps et du message d’espoir qu’il véhicule, à la manière de David Hockney. Votre professeure d’arts plastiques vous parlera de l’artiste et de son oeuvre. Grâce à elle, vous aurez tous les outils indispensables à la réalisation de vos projets plastiques.

Ce que je vous propose, ce sont quelques poèmes qui, selon moi, illustrent d’une manière ou d’une autre ce thème de la nature et de l’espoir. J’en ai choisi quelques uns mais évidemment, il y en a beaucoup d’autres ! Vous pouvez faire une recherche et nous indiquer en commentaires quels sont les autres poèmes qui vous semblent en lien avec ce thème. Vous pouvez également voter pour celui des poèmes proposés qui vous a le plus ému. Ou encore mieux, en écrire un vous-même ! C’est vous qui voyez !

Printemps – Victor Hugo

Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes ;
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes ;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.

Sensation – Arthur Rimbaud

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.

ÉclaircieRené-François Sully Prudhomme

Quand on est sous l’enchantement
D’une faveur d’amour nouvelle,
On s’en défendrait vainement,
Tout le révèle :

Comme fuit l’or entre les doigts,
Le trop-plein de bonheur qu’on sème,
Par le regard, le pas, la voix,
Crie : elle m’aime !

Quelque chose d’aérien
Allège et soulève la vie,
Plus rien ne fait peine, et plus rien
Ne fait envie :

Les choses ont des airs contents,
On marche au hasard, l’âme en joie,
Et le visage en même temps
Rit et larmoie ;

On s’oublie, aux yeux étonnés
Des enfants et des philosophes,
En grands gestes désordonnés,
En apostrophes !

La vie est bonne, on la bénit,
On rend justice à la nature !
Jusqu’au rêve de faire un nid
L’on s’aventure…

David Hockney “No. 153” 5th April 2020 iPad Drawing © David Hockney

À AuroreGeorge Sand

La nature est tout ce qu’on voit,
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
Tout ce que l’on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l’aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu’on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t’aime.
La vérité c’est ce qu’on croit
En la nature c’est toi-même.

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